« Y’a d’la joie » – Valérie Nadal

Valérie Nadal est une artiste cœur et âme qui maîtrise à la perfection son art. Elle occupe aussi une position de responsabilité dans le domaine des ressources humaines. Nous vivons une époque où les psychologues et les penseurs semblent s’accorder sur le fait que nos sociétés technologiques modernes souffrent d’un effet de nivellement de l’imagination humaine. Valérie qui pratique deux activités très différentes est un bel exemple au contraire de diversification et de volonté créatrice. 

Nous avons fait sa connaissance alors qu’elle était venue visiter notre exposition à la Galerie Craft en mai dernier. En se présentant elle a ajouté qu’elle était elle-même artiste. Sa bonne humeur communicative nous avait immédiatement plu. Elle a aimé notre exposition, en particulier les collages de Anke. Très vite nous bavardions comme de vieilles connaissances. Je suis allé sur son site après cette rencontre et j’ai tout de suite pu constater combien le travail de Valérie correspondait à la personnalité souriante et ouverte qui était venue nous voir. Les gravures en particulier étaient originales et pleines de poésie avec une bonne dose d’humour.

J’ai essayé en vain de trouver une seule de ses œuvres qui ne me faisait pas sourire. Toutes évoquent le printemps, des fleurs partout, des jeunes femmes avec de grands yeux aux longs cils ou les paupières pudiquement baissées, des oiseaux voltigeant dans les airs ou encore des petites cabanes blotties dans la forêt. Par des temps de trop de morosité et de méfiance Valérie ose rêver en créant un monde plein de couleurs et d’espoir. La technique de la gravure qu’elle affectionne est maîtrisée et le message est clair : la beauté est partout et la vie pleine de joie et d’optimisme explose comme un bouquet coloré et joyeux.

Valérie n’a reçu aucune formation artistique formelle et elle le regrette un peu. D’un autre côté, sa volonté farouche de maîtriser les techniques nécessaires à son art et de développer ses connaissances l’ont amenée à pratiquer la peinture à l’huile et l’aquarelle puis quelques années plus tard l’acrylique. Obligée par la force des choses de tracer sa propre voie, elle évitera ainsi de tomber dans les pièges de l’académisme – dont certains artistes prétendent avoir mis des années à s’en débarrasser – afin d’évoluer en toute liberté jusqu’à trouver son propre style. Lorsqu’elle découvrira la gravure qui deviendra sa technique de prédilection, elle trouvera des graveurs confirmés chez qui elle fera des stages pour se perfectionner. On la sent tout à fait dans son élément lorsqu’elle se met à parler des différents aspects de la gravure, le choix du support – cuivre, zinc, linoleum, plexiglass, plaques de Rhénalon etc, du papier qu’il faut savoir humidifier à point. Dans son cas elle aime le Fabriano Rosaspina 285 gr dans sa version ivoire , la qualité des encres et puis sans oublier le plaisir à manier la pointe sèche, tracer en incisant avec précaution les lignes sur la plaque. Enfin, la satisfaction ou la déception qui suit le tirage. Je me souviens des lueurs d’excitation dans ses yeux lorsqu’elle nous annoncera qu’elle venait d’acquérir une nouvelle presse hollandaise particulièrement performante. Et puis comme la couleur compte pour Valérie, elle expérimentera les divers moyens de rehausser ses gravures jusqu’à obtenir les teintes très vives qui caractérisent son travail. J’ajouterai que ce travail opiniâtre d’autodidacte a plus que porté ses fruits. Aujourd’hui Valérie est reconnue, elle est inscrite à la Maison des Artistes, elle expose et ses œuvres se vendent très bien.

J’ai voulu savoir comment Valérie voyait le rôle de l’artiste dans notre monde troublé d’aujourd’hui. L’art est-ce une activité utile ? « Effectivement, l’art peut paraître superflu lorsqu’on regarde autour de soi ; mais n’est-il pas justement vital. Sans l’art pour nous accompagner, la dure réalité de la vie serait-elle supportable ? Donc oui, l’art est bien d’une grande utilité pour moi. Concernant mon propre art, j’imagine que peut-être certaines de mes gravures sont comme des petits trésors pour les acquéreurs, des petites touches de joie et de réconfort qui réchauffent le cœur. C’est ce que je peux personnellement ressentir lorsque mes yeux se posent sur les œuvres que j’ai pu acquérir d’autres artistes et qui font partie de mon environnement. Je me sentirais bien triste si je ne les avais plus autour de moi. »

« J’ai probablement hérité de mon amour de l’art chez moi en famille. Certains peintres du passé ont eu une grande importance et une influence indirecte, notamment pour mon amour de la couleur. Mon père qui était ingénieur est un excellent peintre amateur. Quoi qu’il affectionne les Impressionnistes, assez curieusement il peint actuellement des scènes nocturnes ! Ma mère, elle, collectionnait des affiches des Expressionnistes qui ornaient les murs de notre appartement : Auguste Macke, Kandinsky, Hundertwasser. Encore aujourd’hui, ils me font battre le cœur. Sans oublier Klimt, Matisse, Chagall et dans un tout autre registre l’américain Edward Hopper. »

Enfin, j’ai voulu savoir si Valérie était capable de catégoriser son art. « Je dirais que je fais de l’art pour l’art. En même temps il y a certainement une part d’autobiographie et de féminisme dans ce que je fais notamment dans ces visages de femmes que j’aime portraiturer, visages parfois pensifs, déterminés avec une volonté d’indépendance, tristes mais gais aussi selon mes émotions du moment. Heureusement, elles sont très majoritairement joyeuses, ce qui me permet de croire qu’elles sont, jusqu’à un certain point, le miroir de mon âme ! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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